Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/88

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Il leva vers le ciel ses deux bras frémissants ;
Sa bouche s’entr’ouvrit, et d’étranges accents,
Des mots entrecoupés tombèrent de ses lèvres,
Obscurs comme les mots que de brûlantes fièvres
Font parler au malade.
                         ― Assez de sang ! Assez !
Jetez donc le linceul sur ces morts entassés !
À ces héros chrétiens donnez la sépulture !
Jetez aux noirs corbeaux, jetez donc en pâture
Cette horde traîtresse ! Écoutez ! les forêts
Aux héros de la Foi découvrent leurs secrets !

J’entends le bruit du fer et les coups de la hache...
Le vainqueur s’agenouille et le vaincu se cache.
Les oiseaux ont appris de plus douces chansons...
Et des sillons fumants se couvrent de moissons !
Pareille au nid de l’aigle, au-dessus d’une grève,
Sur un cap de granit, quelle ville s’élève !
Une croix la domine et monte vers les cieux.
Et ses deux bras tendus couvrent d’immenses lieux.
De formidables murs l’entourent, la défendent.
Dans son port merveilleux mille vaisseaux se rendent.

Et que vois-je plus loin sortir du fond de l’eau ?
Quelle cité rivale élève un front si beau !