Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/87

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Sans te rendre, ô Marie ! un éclatant hommage.
On élève un autel. La croix et ton image
Se mirent dans le fleuve aux lisières des bois,
Et Dieu descendit là pour la première fois.

Pendant que le saint prêtre, à l’ombre d’un érable,
Élevait, en priant, la Victime adorable,
Les oiseaux voltigeaient de rameaux en rameaux,
Modulant, semblait-il, des cantiques nouveaux.
Le soleil émaillait de lueurs chatoyantes
La mousse des vieux troncs, les feuilles ondoyantes.
Sur le sable doré les vagues murmuraient ;
Dans leur joie, à genoux, les matelots pleuraient.
Leurs cœurs montaient à Dieu, remplis de gratitude.
Mille voix s’élevaient de cette solitude,
Et, volant dans les airs, les anges radieux
Unissaient à ces chants leurs chants mélodieux.

Et quand ce fut la fin du divin sacrifice,
Que sur l’autel champêtre il remit le calice,
Son front s’illumina d’un éclat merveilleux.
Un rayon fulminant s’échappa de ses yeux.
On eut dit qu’un nuage environna sa tête,
Un nuage de pourpre où couvait la tempête.