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profondes qui s’annoncent de loin par d’aigus sifflements, rasent le sol comme les hirondelles, se redressent tout à coup dans les airs avec la prestesse d’un ressort, disparaissent et reparaissent aux regards avec l’instantanéité de l’éclair. J’ai vu des chasseurs en tuer vingt et vingt-cinq d’un seul coup de fusil. J’ai vu des tendeurs en Champagne prendre cent Pleuviers d’un seul coup de filet. On peut calculer par ces deux chiffres ce qu’il doit manquer d’émigrants au retour de leurs expéditions. Comme les cadavres des croisés marquaient le chemin du saint-sépulcre aux époques de foi, ainsi le fumet des Pleuviers dorés qui rôtissent, pourrait dire chaque automne la route qu’ils ont suivie. » — Toussenel.



LA BÉCASSE.[1]
(Woodcock.)


La Bécasse arrive dans le Haut-Canada à la fin de mars, et dans le Bas, vers le milieu d’avril. Ses habitudes sont tellement nocturnes, qu’elle peut exister dans une localité sans que sa présence soit soupçonnée, excepté par des chasseurs familiers avec la topographie des lieux. Pendant une grande partie du jour, elle se réfugiera dans des savanes ombragées et n’en sortira pour chercher sa nourriture que la nuit, au point du jour ou bien après le coucher du soleil. Elle vient nicher en Canada, le printemps ;[2] l’automne venu, elle se retire dans le Sud des États de la République voisine. Le nid est placé à terre, dans un endroit retiré de la forêt, très souvent au pied d’un buisson ou d’un arbre : quelques feuilles

  1. No. 522. — Philohela minor. — Baird.
    Microptera americana.Audubon.
  2. Les Bécasses couvent dans toute l’étendue du Bas et du Haut-Canada ; on a trouvé leurs nids même à un mille de Québec, à Holland Farm sur le chemin St.-Louis, près de l’Hôpital-Général, à la Pointe aux Lièvres, et dans les champs le long des rives du St. Laurent.