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che de Richardson, la chevêche de Kirtland,[1] dont Cassin a donné une excellente description, et la chevêche passerine, la plus petite et la plus rare des trois — la chevêche de Richardson porte une livrée variée de blanc et de noir ; les pieds sont blancs, le bec, brun, jaunâtre, — l’iris, jaune. Outre son cri poupou, poupou, qu’elle pousse en volant, elle en produit un autre, quand elle est posée, que l’on prendrait pour la voix d’un jeune homme appelant quelqu’un du nom de aime, hême, edme. Buffon raconte que dans son château de Montbard, il fut réveillé un matin, un peu avant le jour, par cet appel que faisait une chouette posée sur sa fenêtre : bientôt un de ses domestiques occupant la chambre au-dessus de la sienne, ouvrit sa fenêtre et dit à celui qu’il prenait pour un être humain : « Qui es-tu là-bas ? Je ne m’appelle pas Edme, je m’appelle Pierre. »

La chevêche établit son nid dans les trous des vieilles murailles, dans les crevasses des rochers ou des vieux arbres ; elle s’apprivoise facilement. M. Gérard, naturaliste français, fait mention d’une chevêche de mœurs fort douces, laquelle vivait sur le pied de la plus parfaite amitié avec le chat du logis, bien que hargneuse et boudeuse contre un chien et contre un corbeau apprivoisé avec lequel elle partageait le jardin de son maître. Baird donne à nos latitudes un autre hibou, le scops asio de Linnée (Mottled Owl). Wilson et le prince de Musignano en parlent comme d’un nocturne, d’une petite taille et qui fréquente les jardins et les habitations des hommes. Il se rencontre au Haut-Canada ; nous ne l’avons pas encore remarqué dans nos environs. Audubon fait beaucoup d’éloges de sa douceur et de sa sociabilité : il en emporta un de Philadelphie à New-York, dans sa poche ; durant

  1. Serait-ce à ce nocturne, que Longfellow fait allusion, dans son poëme d’Hyperion ? « Car le hibou est un oiseau grave : c’est un anachorète, qui, à minuit, entonne sa litanie dans le Temple de la nature. »