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sans et les habitants du Mogol poussent même plus loin que les Européens l’éducation du Faucon : ils le dressent à voler sur toutes sortes de proie, et pour cela ils prennent des Grues et d’autres Oiseaux, qu’ils laissent aller, après leur avoir cousu les yeux : aussitôt ils font voler le Faucon qui les prend fort aisément. Il y a des Faucons pour la chasse du Daim et de la Gazelle, qu’ils instruisent, dit Thevenot, d’une manière très-ingénieuse. Ils ont des Gazelles empaillées, sur le nez desquelles ils donnent toujours à manger à ces Faucons et non ailleurs. Après qu’ils les ont ainsi élevés, ils les mènent à la campagne, et lorsqu’ils ont découvert une Gazelle, ils lâchent deux de ces oiseaux, dont l’un va fondre sur le nez de la Gazelle, et s’y cramponne avec ses griffes. La Gazelle s’arrête et se secoue pour s’en délivrer ; l’oiseau bat des ailes pour se tenir accroché, ce qui empêche encore la Gazelle de bien courir, et même de voir devant elle ; enfin, lorsqu’avec bien de la peine elle s’en est défaite, l’autre Faucon, qui est en l’air, prend la place de celui qui est en bas, lequel se retire pour succéder à son compagnon lorsqu’il sera tombé ; et de cette sorte, ils retardent tellement la course de la Gazelle, que les chiens ont le temps de l’attraper. Il y a d’autant plus de plaisir à ces chasses que le pays est plat et découvert. Ce même procédé, rapporte un autre voyageur célèbre, s’applique à la chasse au Sanglier.[1] »

On emploie en France le Hobereau, ou Épervier, à la chasse des Alouettes et autres gibiers[2] : pourquoi nos amateurs canadiens n’essaieraient-ils pas

  1. La presque totalité de ces détails ont été puisés chez un savant contemporain, auquel nous sommes redevables de plusieurs élégantes traductions et d’extraits des ornithologistes américains.
  2. Le succès des Chinois à s’emparer, au moyen d’Aigles-pêcheurs dressés à ce manége du poisson dans la mer, a fort intéressé tous les voyageurs qui en ont été témoins.