qui certes ne dément pas son nom et qui est peuplée jusqu’à ce jour d’une multitude d’oies, d’outardes, de canards ; tels encore les Îlets de Sorel et les Mille Îles qui fourmillent de gibiers pendant la moitié de l’année, et la batture aux Alouettes.
Il en est encore ainsi dans le bas du fleuve, comme on le verra par l’extrait suivant, où l’on reconnaîtra la plume facile, le talent descriptif et l’esprit observateur de l’Abbé Ferland. « Le Labrador a ses charmes non seulement pour ceux qui y sont nés, mais encore pour ceux qui y ont passé quelque temps. La mer, avec l’abondance de son gibier et la richesse de ses pêcheries, avec ses jours de calme et de tempête, avec ses accidents variés et souvent dramatiques ; la terre, avec la liberté, la solitude et l’espace, avec ses chasses lointaines et aventureuses, offre des avantages et des plaisirs qu’on a peine à abandonner quand on les a une fois goûtés… Jacques Cartier et les premiers navigateurs parlent avec admiration de la multitude d’oiseaux qu’on y trouvait. Quoique le nombre en soit bien diminué, il en reste assez pour fournir aux besoins des gens du pays, si les déprédations cessent. Les Marmettes, les Mouniacs, les Goëlans, les Perroquets (espèces de Canards), les
lieux circonvoisins retentissent incessamment des cris de ces oiseaux, excepté durant les tremblements de terre qui se sont fait sentir cette année (1663) ; car ces oiseaux, pour lors, à ce que m’ont assuré quelques chasseurs, gardaient un merveilleux silence. » — [Idem. Le Père Hiérosme Lalemand, à Kebec, ce 4 septembre 1663.] Le vieux chroniqueur a tellement conservé la couleur locale, qu’il n’y a pas un chasseur qui, à la lecture de cet extrait, ne s’imaginât être à la mi-septembre sur la batture vaseuse de l’Isle-aux-Oies, et entendre dans les airs le cri et l’aile sifflante du Canard et de l’Outarde. — [Note de l’auteur.]