Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/71

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Pigeons de mer, sont bons à manger au printemps et à l’automne ; mais durant l’été ils prennent un goût qui ne convient pas à tous les estomacs. Il n’en est pas de même des jeunes oiseaux, qui se mangent pendant tout l’été ; la chair du petit Goëlan pour le goût ressemble beaucoup à celle du Poulet…

« La Grosse-Île (au Labrador) est un rocher ayant une longueur de quatre ou cinq milles ; élevé et avancé à la mer, on l’aperçoit de loin dans toutes les directions. Ses rochers, ses grèves et ses baies sont riches en gibier. Au moment où nous y arrivons (10 août 1859), des oiseaux s’agitent de toutes parts autour de nous : plusieurs familles de jeunes mouniacs s’enfuient sur l’eau, ayant des ailes encore trop faibles pour voler ; les Goddes, penguins en miniature, et les Cormorans nous adressent des injures du haut de leurs rochers ; des Goëlans, des Corbeaux, des Hiboux, des Chouettes tournoient en poussant des cris d’inquiétude…

« Au large de la Grosse-Île sont plusieurs îlots, parmi lesquels est un de ceux où les marmettes ont coutume de couver. Les marmettes ressemblent aux Canards : elles sont très-nombreuses dans les îles du Labrador. Elles déposent leurs œufs et couvent dans certaines îles isolées, qu’elles ont adoptées de temps immémorial et où elles reviennent tous les ans : on reconnaît d’une grande distance les îles que ces oiseaux fréquentent, par leurs falaises blanches. La couleur que prennent les rochers est due au guano, accumulé d’année en année et couche par dessus couche. Les œufs de marmette sont de la grosseur des œufs de Canards, et sont bien meilleurs que ceux des autres oiseaux aquatiques du pays ; ils sont aussi beaucoup plus recherchés. Ils seraient une grande ressource pour les pêcheurs, s’ils n’étaient enlevés annuellement par des étrangers qui en chargent leurs goëlettes. Ces pillards font de gros profits, car ils vendent les œufs dix ou douze piastres le baril, sur les marchés d’Halifax et