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AUTOUR DE LA MAISON

Et l’on montait au grenier par une échelle à même le hangar, perpendiculaire, vous connaissez cela ? On arrivait par une petite porte-fenêtre. On entrait là à la queue-leu-leu, dix, douze enfants, en criant, en chantant. Quand Pierre montait derrière nous, il nous pinçait les jambes, le vilain petit gars !

En haut, on prenait « sa course » et l’on s’élançait dans le vide. On tombait dans la remise, sur un lit de foin. On s’enterrait, on se bousculait, on sortait de là les cheveux pleins de paille ; on passait la porte à deux battants qui donnait sur la cour ; on courait, en effrayant les poules ; on regrimpait l’échelle perpendiculaire, et l’on s’élançait encore dans le bon foin, le cher foin qui sentait si bon !

Un jour, comme on traversait le grenier, Berthe, une grande blonde qui aimait les peurs, avait crié : « Il y a un homme dans le pigeonnier ! » Sans se retourner, on s’était tous précipités dans la remise, et sautant ensemble, on s’était un peu fait mal. Gabrielle, une chère petite fille qui n’est plus, était devenue toute pâle, et on l’avait cru sans connaissance ! Toto, remonté pour voir l’homme, n’en vit aucun. On avait chassé Berthe, et pendant deux ou trois jours on lui cria qu’on était sorti quand elle venait !

On recommençait bien souvent les sauts dans le foin. Quand on était trop essoufflé,