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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/44

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AUTOUR DE LA MAISON

assure qu’elle nous en racontait des histoires ! Nous en avions la gorge sèche.

Les costumes de bain n’étaient point une vaine parure ; nos filles s’en servaient. On se rendait au fleuve en bateau. On montait l’escalier jusqu’à la moitié, et là, on faisait plonger les petites filles dans le fleuve. C’était une plage tout à fait chic, le coin des parapluies à côté de l’escalier ! Elles plongeaient en tournant sur elles-mêmes ; on allait les ramasser et on les renvoyait en soufflant dessus. Qu’elles s’amusaient au bain ! Si vous les aviez entendu rire et échanger leurs impressions. C’était délicieux, quand il n’y avait pas de noyades. Les petites filles ne jouent jamais sans faire les choses sérieusement. Elles se préparent aux épreuves de la vie, elles s’y exercent ! Et quand on retrouvait la petite noyée, on s’exclamait, malgré nos sanglots. Elle avait toujours grandi prodigieusement, comme une vraie noyée, quoi !

À la fin, Toto se fatiguait d’être ingénieur, Pierre, d’être capitaine. Ils se mettaient à martyriser nos poupées. Pierre prenait nos plus belles dans sa bouche, et criait en se sauvant : « Bibite à mange ! »

Nous poussions des cris de détresse ; tante Estelle arrivait et disait : « Tiens, vous êtes fatigués ! Rangez tout cela, et nous allons sortir ! »