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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/45

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AUTOUR DE LA MAISON

Et les châteaux se démembraient, les chambres disparaissaient dans le salon ou la salle à manger. On serrait les boîtes en pile dans une grande armoire à notre usage, à même le mur de la salle ; et dehors !

On respirait allègrement en cheminant sur les étroits trottoirs de bois. On avait tant vécu, tant souffert, tant parlé dans l’après-midi !

Tante Estelle nous amenait au Sacré-Cœur dire notre prière. Ensuite, on se rendait jusqu’au milieu du village, où l’on se faisait encore acheter une boîte de chocolat, — future chambre de petite millionnaire de papier !


XII


La nuit, le vent hurlait parfois autour de la vieille maison ; il dansait des sarabandes folles sur les toits, faisait résonner les dales, grincer la girouette, battre les contrevents. Il sifflait de longues plaintes dans les feuillages, puis se fâchait soudainement, et les arbres craquaient. Il remplissait la nuit de sa grande voix, qui se lamentait ou menaçait…

Et les petites filles, éveillées dans leur lit, croyaient venue leur dernière heure. Elles écoutaient, apeurées, et voyaient sur les murs, dans l’obscurité, des bêtes fantastiques, des