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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/47

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AUTOUR DE LA MAISON

bourrer des poupées que Toto ou Pierre avait éventrées !

À la fin, la branche n’était plus que de petites bûches, que les hommes fendaient encore avec la hache, et que l’on aidait ensuite à transporter jusqu’au hangar, dans la brouette. Et en revenant du hangar, on voulait tous embarquer dans la brouette pour faire un tour, et l’on se battait !

Quand tout était terminé, tante Estelle apparaissait au bout de la galerie, et on lui criait, joyeux : « On a travaillé ! » Mais elle, ne voyant que l’arbre, disait tristement : « Ils s’en vont nos vieux érables, ils s’en vont ! »

On cessait de regarder la terre couverte de feuilles fraîches et on levait les yeux. Tout à la joie de l’événement, nous n’avions pas remarqué que l’arbre était infirme, qu’il avait une grande blessure ronde, et qu’il semblait manchot sans cette grosse branche. On voyait plus de ciel, mais il y avait beaucoup moins d’ombre et la couronne de feuillage était ébréchée ; il manquait un tiers de l’arbre.

« Ils s’en vont nos vieux érables. » Alors, ce n’était pas drôle, une branche qui tombait ? C’était triste ? C’était quelque chose comme un malheur ?

Nous n’osions plus être si gais. Nous sortions de la cour. Parfois nous allions nous