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AUTOUR DE LA MAISON

Le bois rentré et cordé dans son foyer, quand on refermait le panneau, qu’elle a dû en étouffer de colères et de révoltes silencieuses, qu’elle a dû gémir sur son impuissance, qu’elle a dû désirer ardemment son ami le feu, pour faire une belle flamme de toute cette corde de bois !

Si j’avais alors deviné tout cela, vieille et chère cheminée ! J’aurais tant et tant tourmenté qu’on eût, parfois, laissé mourir le poêle noir et fait flamber de grosses et belles bûches dans le grand foyer !

Mais le bois rentré, Toto, Pierre, Marie et Michelle ne songeaient qu’à une chose : manger ! Et pendant que Julie faisait de belles beurrées aux confitures, nous nous installions dans nos chaises berçantes, les pieds sur la bavette du poêle dans lequel crépitait une bonne attisée de bois sec.

Entamant ensuite nos grands morceaux de pain, nous demandions à Julie : « Conte-nous des contes »… La cuisine se remplissait de l’ombre du soir, et Julie, sans allumer la lampe, venait s’asseoir près du feu et commençait : « Une fois, y avait un roi et une reine… »