Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
AUTOUR DE LA MAISON

XVIII


Dehors, le vent passait en sifflant autour de la vieille maison. Dans la grande pièce, éclairée en cercle par la lampe suspendue, les enfants étudiaient ou s’amusaient. Marie récitait, d’une voix blême et monotone, sa leçon de grammaire. Pierre criait ses « tables » à tue-tête : « Deux fois un : deux ; deux fois deux : quatre. » Toto et moi, à genoux sur des chaises et à demi-couchés sur la table, nous lisions des contes, dans un de ces grands livres d’Épinal, à couleurs vives. On repassait rapidement le « prince chéri » qui subit tant de métamorphoses, le « prince charmant », la « belle et la bête », et l’on s’arrêtait enfin au récit d’une aventure dont j’ai oublié le titre, mais dont je me rappelle très bien les péripéties.

Il y avait une fois un homme qui avait des culottes jaunes et un gilet rouge. Il s’ennuyait. Il lisait, pour se distraire, des histoires de voyages. Il s’endormait là-dessus, en rêvant, comme Tartarin, de chasse aux lions. On le voit s’embarquer sur un bateau à voile. Il traverse l’océan et se trouve enfin dans une île merveilleuse. Il marche de ravissements en ravissements. Les fruits sont énormes et beaux comme ceux de la terre promise. Le