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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/94

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AUTOUR DE LA MAISON

Et là, j’y suis repassée devant ma maison d’autrefois, par un froid qui brûlait, un froid triste ; et je suivais mon cher papa qui s’en allait au cimetière, par cette route même où il avait dépensé sa vie, sa force et son activité ! Ah ! la différence des avents d’hier et de l’avent d’aujourd’hui !


XXV


La veille, on se couchait à l’heure des poules. À cinq heures, on soupait sans appétit, en répétant sur tous les tons : « J’ai hâte, j’ai hâte ! » Puis, vitement, aussitôt la digestion faite, on montait se mettre au lit. À la boule d’or des couchettes blanches, on pendait le bas, le plus grand bas ! On faisait sagement sa prière et l’on essayait de dormir.

Le sommeil ne venait pas tout de suite. Les petits enfants sont si excités, quand ils attendent des étrennes ! On chuchotait, on riait. On se relevait et l’on se rendait à la tête de l’escalier ; on cherchait à surprendre quelque bruit révélateur, son de flûte ou de tambour ! On se remettait au lit avec l’arrière-pensée qu’on ne dormirait peut-être pas quand saint Nicolas passerait ; alors on verrait si ce serait maman ou tante Estelle !

Finalement, les anges nous prenaient dans leurs bras et les rêves venaient ! À minuit,