Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
COULEUR DU TEMPS

j’ai beau mettre les doigts dans l’eau boueuse, vider la mare avec mes mains, vous le croirez si vous voulez, mais saint Antoine reste introuvable. Je rentre chez ma tante en pleurnichant, et je ne peux pas m’empêcher de déclarer : « Un beau fin qu’est seulement pas capable de se r’trouver ! »

Après cette épreuve, vous auriez cessé de l’invoquer, saint Antoine, — vous, n’est-ce pas ? Vous en auriez eu assez de son indifférence. Je ne succombai pas à cette tentation. À une prochaine occasion, comme j’étais née le jour de sa fête, je me dis que j’allais l’essayer de nouveau. Cette fois-là ce fut sans confiance aveugle. Je ne lui commandai rien. Je le laissai libre. S’il voulait m’écouter, je serais bien contente, s’il ne voulait pas, c’était encore pareil. Il m’exauça. Depuis ce jour-là, depuis dix ans peut-être, il ne me refuse rien, sans doute parce que je ne fus ni prompte, ni rancuneuse !