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Lorsque Claire obtint de sa mère la permission d’acheter un secrétaire pour sa chambre, elle ne constata pas elle-même tout de suite la valeur du cadeau qu’elle recevait.

Depuis cinq ans, que d’heures de paix, de solitude heureuse, Claire devait à ce petit meuble. Elle pensait souvent au jour où elle l’avait choisi, dans un magasin en liquidation de la rue Amherst. Il était couvert de poussière et abandonné dans un coin. Elle en avait demandé le prix. On le vendait pour la moitié de la somme que sa mère lui avait allouée. Impulsive, elle avait dit aussitôt : « Je le réserve, » et sans en regarder d’autre avait demandé qu’il fût immédiatement expédié.

Ce jour-là, elle revint chez ; elle inondée d’une profonde félicité. Elle savait ce qu’elle ferait de sa vie ; jamais elle n’avait révélé ce grand secret à personne. Ce meuble l’aiderait. Elle l’installa en biais, près de la fenêtre. De là, elle apercevrait les deux arbres de la cour et un coin du ciel ; paysage réduit mais suffisant. Sur le secrétaire, elle posa l’Enfant-Jésus d’Hoffman, dans un cadre sur