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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/155

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CHOSE DU MONDE
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Et elles ne passeraient pas près de Monique installée trop loin de l’autre côté.

Lucette sentit un pincement au cœur. Avec Jean, jamais elle ne pourrait venir ainsi chez Kerhulu. Sa joie faillit s’éteindre. Mais dehors il neigeait maintenant, une jolie neige d’étoiles minuscules, fermes, bien dessinées ; une neige qui tombait drue, volante, avec des airs de fête, et qui sentait bon ; et elle ressuscitait en foule, les impressions qui, enfants, les animaient d’enthousiasme au début de l’hiver. Les petites étoiles blanches se posaient en garniture sur leurs fourrures, s’accrochaient à leurs cils, glissaient sur leurs joues. L’odeur du froid régnait, vivifiante et saine.

— Montons à pied ?

Tête baissée, rieuses, elles entreprirent la longue marche. L’ombre du haut clocher de Saint-Jacques bénit leurs premiers pas ; elles couraient presque. Mais au pied de la Côte-à-Baron, elles ralentirent et Lucette demanda :

— Avec qui Monique était-elle bien ?

Claire fredonna :

« Je voudrais bien savoir quel était ce jeune homme ; si c’est un grand seigneur et comment il se nomme… »

Mais elle ne s’en souciait vraiment pas. Elle songeait à sa chambre, à son secrétaire, et savait