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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/160

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LA PLUS BELLE

En ce moment, je n’ai le droit d’aimer personne, que vous, puisque vous m’aidez à réprimer un amour trop grand.

— Trop grand ?

— Oui. Vous êtes une passion pour moi, Nicole. Je ne pense qu’à vous. Je veux sans cesse vous voir. Ma raison seule ne suffisait pas pour me retenir, empêcher une tendresse qui aurait pu se révéler, d’une certaine façon, malfaisante et stérile, puisque cette tendresse laissée maintenant à sa violence ne nous mènerait nulle part. Sagement, vous réclamez de l’amitié. Mystérieusement, pour rester à vous-même, rien qu’à vous-même ? — Il prit alors le visage de Nicole entre ses deux longues mains, rien qu’un instant, parce que, tout de suite, les yeux de la jeune fille le supplièrent de ne pas recommencer ! — Mystérieusement, vous prétendez ne pouvoir accepter que l’amitié. Pour l’instant, le meilleur, c’est bien notre échange d’idées, d’impressions, et vos bons conseils. Vous souhaitez que je sois un grand homme parce que votre pays a besoin de grands hommes ; et sans doute comme vous me faites l’honneur de me croire plus fort, meilleur, plus intelligent que je ne le suis, tiendrais-je à ne pas vous décevoir et à devenir un esprit supérieur, ma Bérénice…