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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/161

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CHOSE DU MONDE
[ 159 ]

— Pourquoi, Bérenice ?

— « Ni amour, ni amitié, un sentiment platonique, tout de douceur et de larmes. » C’est ainsi que Parrès définit son sentiment pour Bérénice ; moins les larmes, n’est-ce point aussi le nôtre ?

— Moins les larmes, répéta docilement Nicole.

Et elle laissa tomber les mots un à un, doucement. Elle éprouvait soudain le désir d’entrer en religion ; de renonçer tout de suite à tous les sentiments humains, imparfaits et douloureux, empoisonnés d’illusions. Elle regardait Alain avec insistance.

— Détournez vos yeux, sauvage Nicole. Vous m’intimidez. J’ai l’impression que, me scrutant ainsi vous me découvrirez bien au-dessous de l’homme que vous imaginez.

Il ne savait pas qu’elle regardait un grand amour s’en aller à jamais.


Plus tard, dans la même soirée, ils parlèrent d’un politicien qui honorait en ce moment sa race. Alain fit une réflexion sur la femme de celui-ci, que les infidélités de son mari rendaient malheureuse. Nicole sursauta :

— Alain ! Je n’en savais rien. Vous n’auriez pas dû me l’apprendre. J’admirerai plus diffi-