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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/166

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LA PLUS BELLE

La tante demanda l’adresse, fit venir l’employé avec ses catalogues.

Le soir de cette visite, Monique se garda bien de sortir. Elle désirait examiner les dessins et donner son avis. Au premier son de cloche, elle se précipita pour ouvrir. Surprise, elle introduisit au salon un grand jeune homme, la lèvre ombrée d’une moustache rousse qu’il tirait nerveusement, en regardant la jeune fille de ses yeux gris vert.

— On appelle ces yeux-là des yeux pers, pensa sournoisement Monique.

La tante ne descendait pas : moqueuse, Monique regardait le visiteur, posait une question, l’écoutait parler. Elle avait l’impression d’être bien au-dessus de lui, de se montrer condescendante. Jamais elle n’avait si bien vu du premier coup d’œil, les traits, les tics, le caractère de quelqu’un. « Je crois que je pourrais d’avance prononcer les mots qu’il va dire, » pensait-elle. Et pourtant, il ne lui déplaisait pas.

Les sujets d’intérêt général épuisés, le jeune homme prit un livre qui traînait sur une table ; il l’ouvrit. Il l’avait lu et différait d’avis avec l’auteur.

— Mais tiens, se disait Monique, il a des lettres, ce beau jeune homme !

Elle soutint l’opinion contraire, mais sans aucune sincérité, pour l’écouter répondre, le