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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/171

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CHOSE DU MONDE
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important, paraît-il, » disait-elle. Elle répétait souvent son nom : Maurice. Elle ourlait des draps, des nappes, de la lingerie de toute sorte. La tante se passionnait pour le mariage de sa nièce, fournissait des subsides, gâtait Monique, l’admirait d’avoir trouvé si facilement un bon parti.

L’aventure unique, imprévue, plaisait spécialement à son âme d’un autre âge. Comment imaginer un roman pareil ? Acheter des meubles et trouver le meilleur des maris. Sur cela, ses espoirs, ses illusions prenaient autant d’envergure que les songes de Monique.


Le quatuor se réunissait un peu plus souvent. Chez Claire, ou chez Lucette ou chez Nicole, on brodait en chœur le chiffre de Monique. Les soirées avaient changé de caractère. On parlait moins du passé et plus de l’avenir. On interrogeait Monique. On lui donnait des conseils. Les hommes, on devait les prendre comme ceci, comme cela. On riait, on plaisantait, et cependant pour les trois autres, l’événement comportait quelque chose d’attristant. Monique, leur semblait-il, se tenait à une gare, attendant un train pour un voyage dont elle ne reviendrait plus. Elles partageaient son bonheur, mais se