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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/181

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CHOSE DU MONDE
[ 179 ]

— Viens souper et coucher chez nous ce soir ? Maurice est absent. Tu me désennuieras.

En ce moment, Lucette accourt ainsi pour distraire Monique. Elle éprouve toujours plus de plaisir à se rendre chez Monique quand Maurice n’est pas là. Il ne l’intimide plus, pourtant, elle peut causer avec lui, échanger des idées, lui tenir tête à l’occasion. Mais la maison de Monique sans sa présence lui semble plus accueillante. Monique seule, c’est le passé retrouvé, c’est leur jeunesse, bien qu’il faille de la circonspection et recommander à certains moments :

— Malheureuse Monique, ne répète pas ces niaiseries à ton mari.


La bonne n’a pas le temps d’introduire Lucette au salon que Monique appelle du fond de l’appartement :

— C’est toi, Lucette ? Enlève ton manteau et viens voir ma fille.

Rose, joufflue, les yeux bleus dans un visage rond, encore flou, la petite Josette piétine pendant que Monique l’habille de frais.

— Elle est belle, n’est-ce pas ?

— Elle te ressemble.

— Elle ne me ressemble pas. Je ne veux pas qu’elle soit affligée de mon nez. Je veux qu’elle conserve ce tout petit nez de chat…