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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/205

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CHOSE DU MONDE
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ni vent ni pluie, ni chaleur n’avaient de prise sur moi. J’ai donc connu ce que sont les sentiments humains. Et mes chéries, ne le dites pas à ma future supérieure, mais je crois que je ferai une nonne un peu barrésienne ; Alain aura eu cette influence sur moi ; il me semble que je prierai surtout pour notre petit peuple. Et pour la volubile Monique, l’optimiste Lucette, la chimérique Claire !

— Et la sauvage Nicole, ajouta Monique.

— La sauvage Nicole, oui, peut-être.

Elles s’embrassèrent pour la dernière fois ; mais pour leur adoucir la gêne d’un adieu définitif, Nicole leur dit :

— Je vous téléphonerai demain. Il faudra nous revoir encore une toute petite fois.

Mais elle savait bien que c’était fini. Elle les reverrait dans l’Éternité.

L’Éternité, c’était proche, en somme.

Pendant que Monique et Lucette bouleversées, s’enfonçaient en silence dans la nuit de la rue, Nicole pensa de nouveau à la mort de sa mère. Elle se vit près du lit où la malade venait de s’allonger pour ne plus se relever. La futilité des choses humaines devant la mystère de la mort, c’est cela qui avait frappé Nicole et l’avait orientée vers cette pensée du Carmel. À quoi bon la