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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/206

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LA PLUS BELLE

course incessante vers le bonheur terrestre insaisissable ? Pourquoi tenir à la beauté, à la jeunesse ? Pourquoi perdre un temps précieux à poursuivre des félicités chimériques et brèves, des sentiments imparfaits, décevants ?

Nicole était seule dans la maison auprès de sa mère souffrante. Robuste, saine, elle éprouvait une insurmontable répugnance pour le traitement des malades. Et sa mère lui avait dit :

— J’aimerais à me laver.

Nicole comprit. Sa pauvre mère ne pouvait même pas lever la main. D’un ton enjoué, avec un sourire qui dissimulait le plus grand des efforts, Nicole offrit :

— Voulez-vous que je fasse votre toilette, maman, comme on la fait à un bébé ? Cela vous rafraîchira, vous reposera.

— Pour ma grande toilette, je puis attendre Marie.

— Je vaux bien Marie, vous verrez…

Nicole s’en fut chercher un bassin, de l’eau chaude, un savon qui embaumait. En plaisantant pour cacher son trouble extrême, elle lavait avec douceur le vieux visage émacié, pâle, ridé, les paupières aux cils blanchis, le cou flétri, les bras restés blancs et beaux, mais qui se terminaient par des mains parcheminées, déformées, pénibles