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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/222

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

nèrent lire autre chose en l’attendant. La directrice, Madame Vidal, survint et leur dit sévèrement :

— C’est pour le feuilleton, je suppose ? Eh bien, vous ne l’aurez pas. Attendez ; au moins d’avoir vingt ans, avant de lire des romans de cette sorte. Et si vous n’en lisiez jamais, ce serait beaucoup mieux.

Surprises, Monique et Lucette se défendaient :

— C’est un bon feuilleton, nous n’y avons rien vu de mal.

— Rien de mal, rien de mal…

Les mots lui manquaient pour exprimer son indignation.

— Lisez ; plutôt Dickens, c’est plus sain.

Honteuses, Monique et Lucette étaient parties. Dehors, elles décidèrent d’aller voir la fin de l’histoire au Fraser où personne ne surveillait les petites filles. Mais, en effet, le roman se gâtait. Le beau prince Charmant que l’héroïne s’était choisie devenait l’amant de sa mère.

— Madame Vidal avait raison, admet Monique.

— Elle avait aussi raison pour Dickens. J’aime bien les romans anglais. Les Bronté, Hardy, Elliott, c’est passionnant. Ces auteurs traitent de problèmes qui nous intéressent plus directe-