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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/223

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CHOSE DU MONDE
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ment. Ils étudient les sentiments par lesquels nous passons…

— À vivre auprès des Anglais, ne deviendrions-nous pas semblables à eux ?

— Mais non, Monique ! Seulement, ils mettent beaucoup d’humanité dans leurs histoires, beaucoup d’universel. Ils possèdent une meilleure formule. Moins d’art, moins de perfection de forme que les écrivains français, mais plus d’émotion, plus de vérité psychologique, plus de réalité, peut-être. Quelques Américains aussi réussissent bien. As-tu lu : « The house of mirth » d’Edith Wharton ? Il me semble que ce livre ne vieillira jamais. Il est triste, mais il n’enlaidit pas la vie.

— Oui, soupire Monique, la vie n’est pas déjà si belle…

Lucette le sait, Monique pense à son mari surmené, incapable de prendre un congé, un repos ; il rentre chaque jour du bureau sombre, obsédé. Et Monique affolée constate que le pouvoir qu’elle avait de le distraire, de l’encourager, diminue, se perd ; déçue, effrayée, elle se ronge d’inquiétude.

Tout le jour, elle espère qu’enfin Maurice rentrera plus joyeux. Et quand il arrive, elle retrouve, découragée, la même fatigue, la même tristesse. Pour les autres, au dehors, il doit