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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/225

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CHOSE DU MONDE
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— Si Nicole causait encore avec nous, elle dirait avec solennité : « Mes enfants, vous ne savez pas ce qui vous convient. Attendez le bon plaisir de Dieu et vous y trouverez votre avantage ». Elle raconterait à l’appui de ses paroles quelques-uns de ces traits touchants qu’elle avait toujours en mémoire.

Elles se dérident au souvenir de leur amie. Puis l’entretien tombe de nouveau sur les livres, les chers livres, leur passion commune.

— Moi, disait Monique, mes lectures font une espèce de salade. Je prends au hasard. Ces jours-ci, je suis en train de lire un roman qui me plaît : « L’épithalame, » de Jacques Chardonne. Peut-être l’aimeras-tu moins que moi, mais je le trouve très bien.

— Je le lirai, oui. Veux-tu te lancer aussi dans la littérature étrangère ? Connais-tu les livres de Zangwill ? Nous avons là tout le ghetto, mais je cherche vainement dans notre ville infestée par Israël des figures attachantes comme certaine petite Esther, que l’auteur m’a fait aimer. Dans ces romans, la souffrance des vieux attachés à leurs traditions et qui voient les jeunes gens s’américaniser, est très vive, très poignante. Et leur problème rappelle alors le nôtre. Zangwill nous peint les Juifs américains. Les Tharaud nous peignent les Juifs d’Europe ou d’Asie…