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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/224

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

feindre, mais chez lui il se laisse sombrer. Au début, elle l’interrogeait, parvenait à dissiper certaines inquiétudes. Aujourd’hui, un rien l’irrite, elle n’ose plus ; il devient injuste envers elle. Et l’amour se désagrège. Il y a déjà tant d’années qu’ils s’aiment, s’entendent, se complètent. Pourquoi feint-il maintenant de porter seul tous les fardeaux, pourquoi oublie-t-il que Monique subit le contrecoup de toutes ses humeurs ? Quand il part, elle demeure pendant de longues heures torturée en pensant à lui. Les enfants ont été malades, la bonne les a quittés, et Monique anxieuse se demande si les soucis augmentent à mesure que l’on avance en âge.

À Lucette, elle n’a parlé que des maladies. Le reste, c’est un secret entre Maurice et elle. Leurs joies comme leurs peines doivent leur appartenir uniquement.

— Nicole nous a promis l’assistance de ses prières. Tu devrais lui écrire.

— J’ai essayé les miennes. Pas de résultat, ma chère. Évidemment, là-haut, on se demande qui peut bien être cette petite pimbêche qui se met soudain à les implorer.

Monique rit, mais qu’une bonne crise de larmes la soulagerait ! Lucette le sent et l’encourage.