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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/228

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

Ô mon Dieu, faites qu’il ne les trouve pas ! Conduisez-le vers moi, tout droit, sans détour. — Elle a perdu ce premier charme de l’adolescence. Elle a vingt-sept ans, bientôt des rides marqueront sa peau.

Ah ! Pourquoi n’a-t-elle pas résisté au plaisir de parcourir avec lui les paysages enchantés de Percé ? Ils marchaient du même pas entre les sapins, dans les sentiers moussus ; l’air était embaumé de résine chaude ; au loin s’étendait la mer d’un bleu profond avec un peu d’écume blanche à la tête des vagues. Ils se promenaient dans les montagnes, dans le vent et dans l’été. Ils voyaient à des distances infinies des baies qui s’enfonçaient entre les pointes sombres des rochers.

Un soir, ils avaient fait le tour complet des montagnes, au clair de lune. Le soleil était couché mais il avait laissé derrière lui de la clarté. Ils avaient escaladé l’abrupte côte du Découragement ; ils n’avaient pas senti combien elle était raide ; ils montaient à reculons pour voir le coquet village qui s’étendait à leurs pieds, avec ses deux baies frangées d’écume ; et la mer coupée par la forme paresseuse de l’île Bonaventure. Au bout de la baie du Sud, le phare du Cap Blanc s’allumait et commençait à tourner, et les nuées de mouettes virevoltaient bruyantes, au-dessus du Rocher.