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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/236

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

l’avait oublié. Le mot « malade » venait de le faire revenir à sa mémoire. Il expliquait tout ; la volonté de la jeune fille de s’en tenir à l’amitié, son sentiment réprimé de force. Un peu d’irritation l’agita.

Un fin brouillard, glissant dans le sentier, les isola du monde. Il revint brusquement sur le sujet :

— Pourquoi ne m’avez-vous jamais rien dit ?

— Je vous nomme Jean Sylvestre si souvent…

— Mais il vous écrit tous les jours ; lui répondez-vous tous les jours ?

— Oui.

— Alors, vous l’aimez ?

— Je ne veux pas parler.

L’heure qu’elle avait redoutée et souhaitée à la fois approchait inévitable maintenant ; l’heure déchirante et pourtant heureuse, l’heure de bonheur et de détresse.

— Mais moi, il faut que je sache. Mon amitié vous savez ce qu’elle est au fond. Il faut éclaircir cette situation. Si Jean Sylvestre occupe déjà la place à laquelle je tiens…

— Oh ! Guy, Guy !

Elle baissa la tête, pressa le pas. Des larmes roulaient sur ses joues.

Il la rejoignit, l’enlaça, la retint prisonnière.