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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

Lucette écoutait et elle disait en elle-même : Merci, mon Dieu, de ces paroles qui m’éclairent, m’apaisent ; de ces conseils de douceur et de fermeté, de bonté, d’intelligence.

— Personne ne vous a mise en garde, autrefois ?

— Oui, Tante Aline. Mais dans mon exaltation, elle m’a semblé trop pratique, trop terre à terre. Je ne pouvais pas croire qu’elle avait raison.

Des larmes retenues mouillaient les yeux de la jeune fille. Le soleil perçait le brouillard devenu mince et lumineux, et au faîte des arbres, les gouttes d’eau luisaient.

Elle demeurait troublée ; l’égoïsme pouvait aussi influencer les opinions de Guy. Trop longtemps nourrie d’héroïsme, elle se refusait à revevenir à la réalité.

Tout de même, ce poids qui avait tant pesé sur ses épaules s’allégeait comme le brouillard au soleil. Elle éprouvait le soulagement des confidences, celui d’avoir partagé son fardeau. Depuis plus de trois ans, elle renfermait en elle ce lourd secret ; la faillite d’un amour qu’elle avait désiré éternel.