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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/242

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

des mois avec convoitise. Mais la naissance de leur petite Nicole avait grevé leur budget ; et cette princesse, avec son spécialiste, ses jus de fruits, ses côtelettes d’agneau à quinze sous pièce, continue à diminuer leur revenu. Il faut économiser.

Que lui donnera Guy ? Elle n’espère pas un énorme cadeau. Il ne sait guère entrer dans les magasins et acheter. Qu’importe, après tout. L’essentiel c’est le bonheur, la gaieté, la paix. Mon Dieu, de temps à autre, Guy, par une parole irritée, un mouvement vif, la déçoit bien un peu. Et lorsqu’il a tort, il ne le reconnaît pas ; il ne s’excuse jamais. Il se contente de la frôler de plus près, d’être tout miel pendant quelques jours. Lucette préférerait une franche amende honorable. Quand, par exemple, il l’a quittée en claquant la porte sans l’embrasser, parce que Nicole était malade, était-ce juste ? Peut-on la tenir responsable de toutes les maladies de l’enfant ? Pourquoi devait-elle subir cette mauvaise humeur inexplicable, elle déjà si inquiète ? Toutes les femmes ayant un nombre respectable d’années de mariage à leur actif lui diraient évidemment :

— Tous les hommes sont comme ça.

Elle en connaît une qui ajouterait :

— Que voulez-vous. Ils n’ont de patience que pour la pêche.