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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/243

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CHOSE DU MONDE
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Si jamais elle a un fils, Lucette le mettra en garde contre ces petits défauts. Mais en somme, Guy est malgré tout exceptionnel. En pleine lune de miel, elle l’appelait son incomparable : aujourd’hui, non, ce serait ridicule ; et pour des incidents comme la porte claquée, elle lui garde un tout petit peu rancune. Mais c’est insignifiant, il ne faut plus y penser ; il faut pardonner, surtout ce soir.

Dans deux jours commencera 1932, et l’âme des fêtes l’habite, depuis la messe de minuit, depuis leur communion côte à côte, le réveillon en tête à tête. Quelle satisfaction de se suffire l’un à l’autre, de n’avoir aucun besoin de bruit, de danses, de musique. En rentrant, ils s’étaient penchés sur le lit où Nicole dormait à poings fermés, ses petites mains sur la couverture, potelées, émouvantes. Rien n’est merveilleux comme les doigts fins de sa petite fille, pense Lucette. Guy avait voulu réveiller l’enfant pour lui montrer l’arbre de Noël ; à dix-huit mois, elle comprenait assez pour se constituer des souvenirs, prétendait-il. Mais Lucette avait été implacable. Elle ne permettrait jamais aucun écart au régime. Plus tard, l’arbre de Noël illuminé leur avait rappelé Percé, les sentiers verts de la montagne où ils s’étaient embrassés pour la première fois. Un peu de regret s’était mêlé à leur joie ! Ces baisers-