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LE NOM DANS LE BRONZE

bonne étoile lui mettait aux lèvres un sourire presque permanent. Elle souriait partout, autant dans la solitude qu’en société, ayant au fond du cœur une joie de vivre toute neuve, chaude comme un soleil.

Son adolescence s’était nourrie de la sentimentalité des romans d’Ardel, de Chantepleure ; elle s’était fait d’un mari une idée chimérique, et de quinze à dix-huit ans, elle avait aimé tour à tour, de toute son âme, trois ou quatre grands hommes idéalisés. À cette époque, elle trouvait médiocres, enfantines, celles de ses compagnes qui échangeaient des lettres et des sentiments avec des collégiens. Ses passions étaient autrement nobles ! Dieu seul sait quels romans elle édifia, quelles immenses amours naquirent et moururent dans le secret de son imagination !

Lorsqu’elle constata que Steven la recherchait, elle ne songea pas un instant qu’il pouvait être le prince charmant. L’habitude qu’elle avait de rêver des aventures fantastiques, l’empêchait de concevoir, que le véritable amour pût se présenter sous les traits de personnes de son entourage. Les camarades de son enfance lui avaient jusque-là prodigué leur admiration