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LE NOM DANS LE BRONZE

en pure perte. Elle se refusait à reconnaître qu’ils étaient des hommes.

Mais tout de suite, Steven eut sur eux une supériorité. Il était son aîné de dix ans. Il avait courtisé des jeunes filles qui, du haut de leurs vingt-quatre ou vingt-cinq ans, la considéraient comme une enfant. Le retenir auprès d’elle, c’était une revanche, la conquête d’une espèce de droit d’aînesse. Et il était anglais. Ce prestige d’étranger lui conférait un peu de l’attrait des personnages de rêve, qu’elle s’était habituée à aimer ; à son insu, il l’attira tout de suite par le caractère inconnu de la race à laquelle il appartenait.

Dans cette amitié, elle ne vit d’abord qu’une distraction de plus ; elle ne pensait pas s’attacher sérieusement ; elle attendait toujours la grande aventure. Mais elle humait avec délices l’encens que le jeune Anglais brûlait devant elle et sa confiance en l’avenir redoublait.

Dans toutes les réunions, on favorisa bientôt leurs entretiens. Presque chaque soir, après le départ du bateau, quand les groupes se reformaient pour le retour, ses amies s’écartaient pour leur permettre