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LE NOM DANS LE BRONZE

vieux canon pacifique ; puis, cherchant l’ombre, ils s’engagent sur un bout de trottoir raboteux devant le « mess » des Anglais, vieille maison croulante et vermoulue, qui rappelle qu’à l’aurore du régime actuel, Sorel fut une ville militaire. Quelques saules l’enveloppent d’humidité et la mousse en garnit le toit bas et penché. Plus loin, une route de sable les conduit jusqu’au bassin, — petite baie qui s’avance du fleuve derrière les quais. Les embarcations de plaisance y flottent à l’abri des colères du large.

Un port en miniature, que ce bassin où s’alignent côte à côte, yachts, barques à voiles, chaloupes et « cabanes flottantes ». Steven se dirige vers l’une d’elles où il remise son canot. Pour l’attendre, Marguerite monte sur une passerelle qui sert d’embarcadère et, de là, regarde le paysage.

À trente pas de la ville, c’est la campagne et la solitude calme et éblouissante, du beau fleuve aux flots lourds imprégnés de soleil. Sur l’autre rive s’étalent les verdures de l’île Saint-Ignace, où éclate çà et là la blancheur d’une maison isolée.

Marguerite aime cet horizon devant lequel elle