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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/112

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TÊTES ET FIGURES

léans, on vit émerger, d’un vol oblique et saccadé, des apparitions aux formes indécises, comme d’étranges nébuleuses. Elles se rapprochèrent rapidement de la cité, non sans planer ici et là, avec des mouvements de chauves-souris, au dessus de certains endroits, jadis théâtres de grandes catastrophes, le long du bras septentrional du fleuve.

Bientôt leurs silhouettes se dessinèrent plus nettement, ainsi que de sinistres phosphorescences, sur le ciel opaque.

Des serpents dans leurs longs cheveux épars ; pour tout vêtement, une sorte de linceul ; comme ceinture, des reptiles enlacés ; pour armes, des poignards de feu, des torches incendiaires. Leurs yeux hagards et menaçants projetaient des lueurs fauves ; leurs traits de furies grimaçaient un rire satanique ; d’une main brandissant leurs poignards, leurs torches de malheur, de l’autre elles indiquaient un point sur terre.

Des monstres horribles leur formaient cortège. C’étaient les Centaures, les Gorgones, les Harpies, les Chimères, Briarée aux cent bras, Géryon au triple corps, l’Hydre de Lerne, les Chagrins, la Crainte, la Faim, mauvaise conseillère, le Désespoir, les pâles Maladies, les Remords vengeurs, et la Discorde avec sa chevelure de vipères.