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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/121

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TÊTES ET FIGURES

Ainsi qu’une meute lancée après un sanglier, la cohorte de soldats se rua sur ces monceaux de planches fendues, de portes éventrées, de poutres rompues, à travers lesquelles le feu se livrait déjà passage.

Ils étaient deux, là, sous ces décombres.

Respiraient-ils encore ? Ou leurs âmes violemment arrachées de leurs corps mutilés, erraient-elles déjà dans le pays des Ombres, sur les rives du fleuve de la mort ?

Morts ou vivants, il fallait au moins disputer, au brasier qui s’allumait, leurs pauvres dépouilles.

Atterrés, la douleur dans l’âme, les soldats fouillèrent fiévreusement les décombres, les mains brûlées, ensanglantées.

Soudain, à quelques pas de là, un gémissement se fait entendre.

On accourt.

C’est le fidèle sergent qui, à demi enseveli sous des débris, respire encore ; il a un bras et une jambe à l’état de charpie ; ses traits sont horriblement défigurés.

Un drap est transformé en civière ; on l’y dépose doucement, et on l’emporte du côté de l’hôpital.