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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/135

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TÊTES ET FIGURES

Oubliée


Un feu de grille brûlait dans la pièce, un petit salon, et projetait sur les tentures une demi-clarté blafarde et vacillante. Des flammeroles bleues gorge-de-pigeon, s’en échappaient, pour aussitôt s’évanouir dans la cheminée. Tout était silence dans la pièce ; on n’entendait que le tic-tac cadencé et monotone d’une horloge posée sur une console.

Cependant, il y avait deux existences humaines dans ce petit salon ; elle d’un côté, lui de l’autre. Elle s’était pelotonnée dans un vaste fauteuil de velours d’Utrecht, lutinant légèrement, du bout d’une mule exquise, le grillage en cuivre doré du foyer. Lui s’était nonchalamment étendu sur un divan, bâillant, le front soucieux comme sous le poids d’une inquiétude ou l’obsession d’une grosse affaire.

L’atmosphère de la pièce semblait chargée et lourde ; on y respirait quelque chose comme les avant-coureurs d’un orage.

Et le petit feu de grille brûlait toujours, lançant des flammeroles bleuâtres dans la cheminée.