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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/136

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TÊTES ET FIGURES

Et l’horloge, sur la console, faisait toujours tic-tac.

Soudain, la forme féminine, pelotonnée dans le vaste fauteuil de velours d’Utrecht, se dépelotonna en se redressant de toute sa hauteur. Une voix brève le tira lui, brusquement, de sa méditation. C’était la voix féminine qui rompait le silence.

— J’espère, dit-elle lentement et en scandant ses paroles, que c’est fait, et qu’elle est bien et duement partie…

En même temps, à travers les clartés blafardes et vacillantes, elle darda sur lui deux yeux qui semblèrent lui farfouiller l’âme jusque dans ses plus intimes replis ; deux yeux dans lesquels brillait un fulgurant point d’interrogation. Lui, s’était remis sur son séant, la physionomie ahurie, le regard perdu dans le vide, scrutant distraitement les arabesques du tapis, et n’osant affronter les deux yeux qu’il sentait braqués sur lui comme des armes à feu.

Qu’allait-il donc répondre ?

Et le petit feu de grille brûlait toujours, lançant des flammeroles bleuâtres dans la cheminée.

Et l’horloge sur la console faisait toujours tic-tac.