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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/140

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TÊTES ET FIGURES

regard fixe, un doigt sur les lèvres. J’en aurai le cœur net, fit-elle avec un mouvement, énergique, et, à son tour, elle disparut.

Le petit feu de grille ne lançait plus de flammeroles bleuâtres dans la cheminée.

Mais l’horloge, sur la console, faisait toujours tic-tac.

Le timbre du parlement venait de sonner mélancoliquement deux heures du matin. Déjà un soupçon d’aube faisait pâlir l’orient. Juste à ce moment-là, une ombre légère, vaporeuse comme un sylphe, effleurait à peine du bout des pieds l’escalier principal de la maison ; elle ne descendit pas, elle glissa plutôt jusqu’en bas de la rampe. Cette ombre était celle de la jeune femme qui avait passé une grande partie de la soirée dans le vaste fauteuil de velours d’Utrecht, devant le petit feu de grille aux flammeroles bleuâtres.

Un instant, elle s’arrêta dans le couloir d’entrée, indécise, semblant chercher quelque chose. Bientôt, elle reparut dans le petit salon d’à côté, tenant dans ses deux mains un long paletot dont elle se mit à interroger fébrilement les goussets…

Et l’horloge sur la console faisait toujours tic-tac.