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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/149

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TÊTES ET FIGURES

au devant, se jetait dans ses jambes, s’accrochant à une, lui grimpant sur les genoux, lorsqu’il s’asseyait, lui tirant délicatement la moustache, lui ébouriffant les cheveux, tripotant la chaîne de sa montre, tirant celle-ci de son gousset, pour en écouter le tic-tac et parfois lui faire courir plus d’une aventure en voulant savoir ce qu’il y avait dedans.

— Son père ! son père ! questionnait-il, montre-moi donc ça ?

Et, « son père », victime de toutes ces cajoleries enfantines, jouissait tout de même en se contentant de dire :

— Tranquille, mon petit Jules ! sois tranquille. Tu veux tout savoir, je te le dirai ! Attends un peu ! Tu me fatigues.

Et il embrassait la tête blonde et la tendre margoulette du petit.

À table, Jules était à la droite de son père ; c’était entendu. Il prenait cette place de droit. Personne n’aurait osé la lui disputer.

Le repas fini : « Son père », disait Jules, fais-moi donc des images comme l’autre jour.

Et, alors, le père, pour se tirer d’affaire, allait chercher un grand in-folio illustré, pour lui en faire voir et expliquer les gravures.

— J’aime pas ça, ces images-là, protestait Jules, je les ai vues déjà. Fais-moi-z’en d’autres, là, avec du papier !