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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/167

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TÊTES ET FIGURES

mélodies de la musique de la garnison ou de l’orchestre du Château. Sur cette foule bourdonnant comme un essaim d’abeilles dans la ruche, la lune répandait comme une buée de lumière, et sa douce clarté, agrémentée çà et là par des faisceaux isolés de lumière électrique, distribuait à toute cette scène le cachet le plus enchanteur.

Bientôt, tout ce monde à la mise soignée et on ne peut plus gracieuse, commença à quitter la terrasse pour rentrer au logis. La musique exécuta l’hymne national, inspiration de Routhier et Lavallée, et la place devint comparativement déserte. Quelques promeneurs seulement s’attardèrent au café.

Nous descendions la terrasse.

Lévis était encore enrubanné de bougies électriques qui, en lui faisant ceinture, soulignaient pour ainsi dire sa future terrasse. De temps à autre, au ras de la rive, ou sur les hauteurs, on distinguait une lumière mobile, voltigeant pour disparaître et reparaître, sorte de luciole ou de feu follet. C’était tout simplement un omnibus du tramway.

Un silence profond enveloppa toute cette nature. Les coupoles, les clochers, les toitures à angles brisés, les tours des églises voisines, les kiosques, imposant leurs courbes et leurs arêtes sur l’azur du firmament, prêtaient un cachet oriental au panorama. Au dôme céleste