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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/185

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TÊTES ET FIGURES

Seule, cependant, l’une d’elles lui avait inspiré une certaine sympathie. D’une taille dépassant la moyenne, le travail ardu et constant auquel il lui fallait se livrer, semblait miner sensiblement une constitution qui paraissait délicate. Son teint pâle et mat, ses joues à peine colorées trahissaient une souffrance physique ; mais deux yeux illuminaient sa figure intelligente et avenante, à laquelle un petit nez délicat et légèrement retroussé, prêtait un charme piquant. Sa chevelure blonde s’enroulait sans prétention au sommet de la tête où une simple broche la fixait.

Bessie Turner, tel était son nom, avait perdu son père et travaillait pour soutenir sa mère malade et une jeune sœur.

Bertrand ne connaissait pas âme qui vive dans New-York, à l’exception du patron, Samuel Hickey. Il ne pouvait certes vivre indéfiniment en ermite ; sa nature généreuse et affectueuse avait tout naturellement besoin d’expansion.

Non seulement il se contenta de répondre poliment, à l’occasion, à Bessie, mais il alla même jusqu’à lui faire des offres de service qu’elle eut le bon esprit de ne pas refuser. De sorte que l’amitié entre le mécanicien et l’ouvrière ne tarda pas à prendre racine.