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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/186

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TÊTES ET FIGURES

Bessie raconta à Charles sa position. Son père était aussi mécanicien très habile et gagnait beaucoup d’argent. Il vivait alors avec sa famille dans un joli cottage, élégamment meublé. Un jour, il tomba gravement malade ; le médecin fut appelé et déclara le mal sans remède. Un soir, Bessie, la mère et la petite sœur sanglotaient à genoux des prières auprès d’un cadavre, celui du père.

La mère tomba malade ; les quelques ressources qui leur avaient été laissées, s’épuisèrent. Il fallut donc se mettre en quête d’emploi pour éloigner du logis le spectre de la famine.

— C’est ainsi que je me trouve dans cette maison, ajouta Bessie d’une voix tremblante, et je gagne bien juste de quoi nous empêcher de crever de faim.

Vivement touché de ce récit tout simple, Charles Bertrand ouvrit dès ce moment sa bourse pour venir en aide à la pauvre veuve, à Bessie et à sa jeune sœur. Il éprouvait une extrême jouissance à pouvoir faire des économies de temps à autre et à les glisser dans la main de Bessie, le soir, à la sortie de l’atelier. Il ne s’apercevait pas non plus de la place notable que l’orpheline prenait insensiblement dans sa vie. Il ne se rendait pas compte que lui, si assidu, si consciencieux au travail, concentrait