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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/190

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TÊTES ET FIGURES

à la stupéfaction avaient succédé une jalousie et une rage indicibles.

Ce fut alors le signal d’une ère de persécutions raffinées, incessantes, pour Charles et Bessie. Au moindre prétexte, Samuel Hickey essayait de trouver les deux jeunes gens en faute, leur cherchait noise, et allait même jusqu’à confisquer une partie de leurs gages. S’imaginant qu’il gênerait ou ferait manquer leurs rencontres dans l’établissement, il leur assigna des postes tout à fait écartés l’un de l’autre, mais, à la sortie, un soir ou un autre, Charles et Bessie se voyaient, et Charles ne manquait jamais d’escorter celle-ci à son domicile.

Parfois, du haut d’une fenêtre, Hickey, dévoré par la jalousie, les regardait cheminer tous deux. En route, Charles et Bessie se racontaient les misères que le patron leur infligeait. Comme il arrive invariablement en pareils cas, cette persécution ne fit qu’attiser la flamme naissante de leur amour mutuel. Tous deux retrouvaient dans leurs confidences réciproques le courage de supporter une situation qui, autrement, eut été intolérable.