Aller au contenu

Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
TÊTES ET FIGURES

En ces temps-là, le service des malles était loin d’être développé comme aujourd’hui ; le réseau des voies ferrées était relativement peu étendu ; on s’en remettait à la diligence qui, fréquemment, était attaquée et pillée par les sauvages et les bandits.

Les mois, douze, dix-huit, mois se succédèrent, et Bessie n’avait pas eu la moindre nouvelle de Charles.

Des gens étaient bien revenus des pays aurifères, mais pas un d’eux n’avait apporté des nouvelles de Charles Bertrand. Naturellement, la pauvre Bessie n’avait pu s’empêcher d’en arriver aux plus décourageantes conjectures. Elle n’avait pas cessé d’aller à l’atelier, mais son humeur avait tourné à la mélancolie. Sa mère était tombée de plus en plus gravement malade, et son temps était partagé entre l’atelier et son miséreux logis.

À l’atelier, elle était constamment en butte à toutes les plus alléchantes tentatives de séduction de la part de Samuel Hickey. Celui-ci se montrait d’autant plus opiniâtre, qu’il rencontrait de la résistance. Sa passion côtoyait pour ainsi dire le délire.

Une après-midi, décidé d’en arriver à ses fins, il fit venir encore une fois la jeune fille à son bureau. Ne pouvant plus brider sa passion insensée, il voulut user de violence. Au mo-