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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/202

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TÊTES ET FIGURES

L’inconnu ne parut pas s’apercevoir de ma présence.

Je m’excusai de mon mieux, et je lui assurai que la sympathie vraie qu’il m’inspirait, pouvait seule me faire pardonner mon intervention indiscrète. Je ne lui demandai pas de me dire le nom de la personne qu’il pleurait, mais de me faire connaître seulement combien elle lui était proche par le sang.

Il persistait à rester la figure cachée dans ses deux mains.

Je regrettais déjà ma démarche, et je songeais à me retirer, lorsque je me hasardai à entrer dans le vif de la situation.

— Est-ce un enfant que vous avez perdu ? demandai-je en hésitant.

Cette fois, l’inconnu leva la tête et, me regardant d’un air navrant :

— Non, Monsieur, dit-il, ça n’est pas ça.

— Alors, il s’agit d’un deuil de famille ?

— Non, Monsieur !

— Mais alors ?

— J’vas vous dire ça. C’est des cors que j’ai aux pieds, et, comme j’pouvais plus les endurer, j’suis entré ici pour me reposer un peu.