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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/204

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TÊTES ET FIGURES

d’ici de là, déversant aux différentes gares des troupes de voyageurs.

Tout ce monde-là, en se trémoussant, toussait, grelottait.

Pas mal agacés par cette température, les employés de service rudoyaient les arrivants, et se montraient parfois grossiers. Les cochers d’omnibus, mis en mauvaise humeur comme les autres, pour la même raison, rivalisaient d’insolences à tout propos.

Mêmes manières chez les boutiquiers de toutes couleurs qui semblaient se soucier du client comme d’une guigne.

D’autre part, les cochers de fiacre, dès qu’ils avaient touché le prix d’une course, fichaient le camp en vociférant leur vocabulaire de jurons et d’injures. Bref, c’était un détraquement général, excepté chez quelques-uns de ces bons Rogers-bon-temps qui gouaillent tout, sans miséricorde, même le temps le plus maussade.

Tout le long de la route Cromwell, dans Kensington, la brume prenait librement ses ébats, étouffante, aveuglante comme la fumée d’un incendie, et pénétrait par toutes les interstices des maisons, sans excepter même les plus somptueuses habitations où bien des gens, confortablement installés dans des fauteuils mollement capitonnés, auprès d’un bon feu de cheminée, oublient trop facilement,