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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/209

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TÊTES ET FIGURES

faible gémissement se fit entendre dans les replis du châle.

Un instant, elle se mit à penser, puis partit à grands pas sans trop savoir où elle allait. Elle marcha comme cela jusqu’au moment où elle se trouva en face d’une église catholique. La façade de l’édifice n’était pas encore terminée. Cependant l’église était ouverte au culte.

La mendiante se prit à regarder les entrées et sorties silencieuses des gens. Le temple était illuminé. Elle se décida à y entrer, gravit les marches, jeta un coup d’œil dans l’intérieur et finalement s’aventura dans la nef. Çà et là, des gens étaient agenouillés en prière. Dans un angle, se dressait une chapelle, celle de la Vierge ; l’autel resplendissait de lumières. La mendiante ne paraissait pas comprendre grand-chose à ce qui se passait là. Tout de même, elle se dirigea vers l’autel, et se laissa choir tout épuisée sur une chaise. L’illumination fut ce qui attira principalement son attention ; elle se sentit comme soudainement transportée dans une atmosphère de douce quiétude.

Elle paraissait jeune encore ; sa figure, amaigrie sans doute par de longues et cruelles privations, portait cependant quelques traces d’une beauté bien fanée, et ses yeux, pleins d’anxiété, étaient grands, noirs et brillants. La bouche seule, cette révélatrice d’habitudes bonnes ou vicieuses, accusait une conduite qui n’était